Laissez à désirer !

Fleurs jaunes dans un vase,
Christian Rohlfs (1849-1938)

Quelle drôle d’expression « laisser à désirer ». J’ai entendu cela à l’école. Je comprenais : 
« Ce que tu fais est très moyen », « tu n’as pas assez travaillé, transpiré ».
Laisser à désirer voulait dire : « Ce n’est pas nul, il y a quelque chose mais pas assez de travail », « manque de sérieux, de références, de connaissances »…
Après l’avoir entendu, je l’ai internalisé, je me suis dit à moi-même : « Tu n’es pas assez professionnel.le », « tu pourrais te spécialiser »…

Et puis, j’ai entendu cette phrase différemment grâce à un metteur en scène et coach qui en fait une expression clef dans son travail. Il propose de « laisser de la place au désir » de donner de l’espace à la création, de la place pour la relation à l’autre, aux autres, à l’environnement.

L’intention est de ne pas fermer mais ouvrir, d’inviter l’autre dans la réflexion, dans la relation. Donner et recevoir.
Commencer la danse, ne pas tout prévoir, s’appuyer sur l’autre, sur ce qui émerge… Chérir ce désir qui est la vie et qui est communicatif. Et laisser de la place dans la communication à la curiosité et aux silences.
Comme j’aime cette expression maintenant ! et j’espère que vous n’entendrez plus jamais cette expression autrement que comme « une invitation à la rencontre de son désir et de celui de l’autre ».

Première publication le 12 avril 2022

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