Des crânes et des strass

L’arc en ciel, Edward Munch (1863-1944)

L’histoire est née dans un vide grenier. 
Sur un des stands, il y avait trois crânes de chevreuil. Une personne s’est écriée « Quelle horreur, un crâne !!! » 

Aussitôt achetés, ils sont devenus des vestiges de la vie, de la liberté et de la beauté.

Le regard s’est transformé ou aiguisé, et ces crânes sont devenus la métaphore, le symbole de ces personnes qui se sentent rejetées, repoussées, ignorées, jugées qui, pour exister, se sont ornées de perles, de plumes, de strass, de couleur, de brillance. 

Et pour cela, quoi de mieux que de se parer de perles tombées, de bijoux démodés, ringards, cassés, usés ?

De s’agrémenter de bijoux qu’on ne veut plus voir, qui rappellent de mauvais souvenirs, de mauvaises personnes, une rupture, une personne partie… Des bijoux dans un tiroir sortent de leur oubli. Revisités, transformés, ils camouflent les histoires douloureuses tout en se donnant à voir.

Ne sommes-nous pas, par moment, des crânes scintillants qui cachent leurs blessures ? 

Sommes-nous capables d’entrevoir chez l’autre les blessures sous le strass ?

 

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