Instants de rien
Vue de la colline Legind,
Hans Andersen Brendekilde (1857-1942)
C’est novembre : température frissonnante, grisaille et journées de plus en plus courtes, on peut être tenté•e de rester sous la couette. Baisse d’énergie, baisse de lumière c’est chimique !
Dans notre monde d’efficacité, certain•es proposent de la thérapie par la lumière, des cours de zumba, des balades ou des activités de déconnexion programmées, 30 minutes par jour…
Mais pourquoi ne pas utiliser cette énergie-là, cette énergie molle, pour développer des moments, des instants de « rien ».
Dans un instant de rien, il n’y a pas d’objectif ni d’attente mais une pleine attention à pas grand-chose ou plutôt rien. Un simple coup de barre, un creux, un sommeil, une sieste, un peu endormi, un peu réveillé comme en veilleuse, un entre deux sans notion d’un temps mesurable. Un moment où tout et rien ne se passe.
Nous valorisons des moments occupés, nous nous remplissons d’activités. Pas de vide, pas d’ennui, pas d’angoisse.
Alors comment faire face à la beauté du rien, du vide, du silence ? Comment en être un témoin bienveillant et « se foutre la paix » ?
En prendre conscience, lâcher la pensée utile pour le futile, dépasser la petite angoisse ou la culpabilité, goûter la distance qu’il permet avec les autres, les choses, les situations, sentir l’être en soi ou ne pas sentir grand-chose.
Comment alors dans notre environnement professionnel laisser un peu d’instant de rien : dans les réunions quand rien ne se passe encore, quand j’attends un rendez-vous ou une connexion visio, accueillir l’ange qui passe…